vendredi 18 juillet 2008

Les 4 grands lobbies de l’éthanol s’unissent contre l’OPEP

Le président de l’OPEP Chakib Khelil a récemment accusé l’éthanol d’être responsable pour 40% de la hausse du prix du baril de brut. Il attribut le reste de cette hausse au dollar faible et à une géopolitique compliquée. La riposte ne s’est pas fait attendre. Les 4 lobbies des principaux pays prodcuteurs d’éthanol avec en tête le U.S. Renewable Fuels Association (Etats-Unis), Canadian Renewable Fuels Association (Canada), Association des producteurs de canne à sucre (Brésil) ainsi que l’Association européenne du bioéthanol (UE) se sont pour la première fois entendu pour contre-attaquer.

Dans une lettre publiée dans l’édition du 16 juillet du quotidien financier britannique Financial Time, ils ont qualifié le cartel des pays producteurs de pétrole de groupe « prêt à tout pour engranger plus de profit ». Selon eux, l’OPEC refuse la concurrence des énergies nouvelles. Une reproduction de la lettre est téléchargeable sur ce lien (click droit puis enregistrer sous).


Cette contre-attaque parfaitement orchestrée montre à quel point les producteurs d’éthanol ont compris l’importance de la maîtrise stratégique de l’information. Il est temps. D’abord présenté comme une solution miracle à l’addiction au pétrole, l’éthanol s’est vu accusé de tous les maux et est à présent associé à la crise alimentaire, la déforestation, et à bien d’autres problèmes. Les attaques se sont enchainées ces derniers mois avec notamment le discours du fonctionnaire de la FAO Jean Ziegler ainsi que celles ses responsables des grands groupes agroalimentaires (Nestlé, Kraft Foods, Kellogg), fatigués de payer leurs matières premières au prix fort. Les lobbies nationaux, bien organisés et influents sur leurs territoires respectifs, restaient impuissants face aux attaques provenant d’acteurs transnationaux (ONG, multinationales ou institutions internationales). L’union des forces permet à présent à ces organisations de répondre d’une même voix aux allégations.

Sources: Wall Street Journal, UNICA

2 commentaires:

MT a dit…

La guerre de l'information est née entre agro-carburant et énergie fossile!
bien sûr qu'est ce que cela change pour le citoyen consommateur?
Pour lui la réalité est ce qu'elle est: l'essence/gazoil est de plus en plus cher, et ce qu'il achète au supermarché l'est de plus en plus aussi!
Mais si nos gouvernements ne peuvent agir sur les marchés, au moins peuvent-ils agir sur quelques points:
> les grands groupes alimentaire et de distribution sont d'abord responsable, par le prix qu'ils affichent sur l'étiquette. Quand un monopole de la grande distribution existe, il y a peu de chance de voir les prix toujours baisser, au contraire ils se tiennent tous, maximisant leurs profits. Pourquoi ne pas obliger les distributeurs à marquer, sur l'étiquette de prix d'un produit, son prix d'achat au fournisseur à coté de son prix de vente?
> deuxième point pour les carburants comme pour les céréales, la spéculation est tout de même un élément important de la fixation du prix par le marché. Trop de spéculation tue le prix juste.
Question: le prix juste est-il le prix fixé par le marché pur (avec l'impact d'une spéculation incontroléé?) ou est-il le prix socialement accessible (sans pour autant annihiler tout profit) ?
Lorsqu'on voit les mouvement sociaux, manifestations, partout sur terre, cette question est vraiment d'actualité.

Si déjà on rationalisait les acteurs du marché, les prix seraient surement tout autres!

Jean-Marie a dit…

Même si l'on ne peut nier le rôle de la spéculation dans la hausse du prix des denrées agricoles, ce sont avant tout des raisons structurelles qui la justifient (hausse robuste de la demande, baisse des stocks, stagnation de la production, hausse des intrants etc...)

Des prix socialement accessibles? Sur cette question, pour l'énergie comme pour aliments, la solution est à mon avis de penser local. La grande distribution est un concept parasite (c'est un peu extrême comme vision mais je l'assume). Comme tu le dis, la grande distrib engrangent un joli profit, en ne faisant pas grand chose. et ton idée d'affichage des prix me parait à ce titre intéressante, bien que je doute qu'ils soient prêts à l'appliquer.

A mon avis, la meilleure solution pour lutter contre les aliments chers dans le pays industrialisés, c'est de développer la vente directe. Je ne parle pas de produits bio pour les bobos, mais des agriculteurs des zones périurbaines des petites et moyennes villes vendant directement une production diversifiée de légumes aux classes moyennes et pauvres. Sans intermédiaires, les prix sont beaucoup plus accessibles et raisonnables. Je connais des agriculteurs qui se sont positionné sur ce type de vente, et ils s'y retrouvent financièrement. Tout le monde y gagne.
Niveau énergie, c'est pareil. A ce titre je te conseil de lire les posts de John Robb, sur ses blogs globalguerrillas.typepad.com et globalguerrillas.typepad.com/johnrobb, C'est un penseur qui buche pas mal sur le concept des "Resilient communities", approche locale pour ne plus subir les défaillances d'un système globalisé où un cyclone dans le golfe du Mexique, une attaque de pipeline en Irak, ou une sècheresse en Australie rendent ton énergie et tes aliments hors de prix. J'espère qu'à l'EGE on vous a présenté les travaux de cet ancien de l'US Airforce, qui est également un grand spécialiste des rapports asymétriques. Son bouquin Global guerrillas est un must read. Prochain bouquin à venir sur ce concept de Resilient Communities

 

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