vendredi 16 avril 2010

Les vrais raisons du conflit entre la Chine et l'Argentine sur l'huile de soja


Les autorités chinoises ont émis au début du mois un ordre interdisant aux importateurs d'opérer les cargos d'huile de soja en provenance d'Argentine. Les raisons de cette mesure sont soi-disant d'origine sanitaires. Le taux de solvant nécessaire au pressage du soja dépasserait la norme autorisée. Cette excuse n'a pas convaincu grand monde et les analystes ont perçu cette restriction comme la réponse de Pékin aux mesures protectionnistes prises pas Buenos Aires à son égard. Analyse d'une relation commerciale qui dégénère:


Mauvaise gestion des relations bilatérales
Le gouvernement argentin montre une fois de plus son incapacité à gérer les relations extérieures. Un conflit similaire s'est déjà produit avec le voisin brésilien. A l'origine, on retrouve toujours les mêmes actions proteccionistes. C'est d'autant plus flagrant avec la Chine: des 163 mesures anti-dumping prises par le gouvernement argentin entre 2008 et 2009, 101 sont destinées à freiner les importations de produits chinois. Les effets de cet armada se sont évidemment vite répercutés sur les échanges: les importations en provenance de l'empire du milieu ont chuté de 42,5% sur ces deux dernières années.
L'attitude des plus hautes instances n'aide pas non plus. Au mois de janvier dernier, la Présidente Cristina Kirchner a annulé au dernier moment son déplacement en Chine pour régler ses problèmes internes (conflit avec le gouverneur de la Banque Centrale sur la question du blocage des fonds). Ce n'est pas le meilleur signal que l'on puisse envoyer à un partenaires commercial clé.
La Chine est en effet de loin le premier client de l'Argentine pour les exportations agricoles, et mériterait à ce titre une attention toute particulière de la part de Buenos Aires.
D'un autre côté, nul autre pays que l'Argentine ne possède la capacité suffisante pour satisfaire l'appétit de l'ogre chinois en huile végétale. L'huile de soja argentine compte en effet pour 77% des importations chinoises. Dans cette valse de l'interdépendance, les deux partis peinent encore à trouver leur rythme. Côté argentin, c'est d'abords le style de la diplomatie qui est à revoir.

Le soja, un commodity stratégique pour Pékin
Même si les motifs exposés ci-dessus sont en grande partie responsables de la situation actuelle, il convient d'analyser ce conflit sous un autre angle. L'objectif des mesures restrictives sur les importations d'huile argentine est également d'ordre stratégique:
  • Cette manœuvre chinoise est la dernière en date d'une longue série visant à influencer les cours mondiaux du soja. L'Empire du milieu est le plus gros consommateur de cet oléagineux et cherche par de telles actions à faire baisser le prix international du soja et de ses dérivés.
  • Notons que l'interdiction des importations se limite à l'huile et ne concerne pas les grains de soja. Pékin nourrit l'ambition de développer un pôle industriel du broyage sur son territoire plutôt qu'acheter l'huile à l'extérieur. Cela permettrait aux chinois de transférer chez eux la chaîne de valeur du soja avec tout le profit et les emplois que cela implique.

Source. la Voz del Interior, Agritrends

1 commentaire:

sofia123 a dit…
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