Les investissements réalisés en 2007 dans l’industrie des biocarburants ont permis à l’Argentine de devenir un des principaux producteurs mondiaux de biodiesel.
La mise en marche d’usines devrait porter la capacité de production à 1, 3 million de tonnes en 2008, permettant ainsi à l’Argentine de prendre 6% du marché mondial. La production est largement destinée à l’exportation avec pour principaux clients les Etats-Unis et les Pays-Bas.
L’Argentine, à la différence de l’Europe avec le colza ou de l’Asie du sud-est avec l’huile de palme, élabore son biodiesel à partir d’huile de soja.
Premier producteur mondial de cet oléagineux, le pays a tout de suite vu dans le biodiesel un moyen d’ajouter de la valeur à la production primaire. Mais la hausse spectaculaire des cours mondiaux du soja ces derniers mois a changé la donne annulant ainsi toute forme de rentabilité. Cette conjoncture compliquée n’a pourtant pas remis en cause la construction des divers projets d’usine (une dizaine pour 2008), bien au contraire.
Comment un produit peut-il susciter un tel intérêt alors que sa matière première, l’huile de soja, se négocie à des prix plus élevés (plus de U$D 1000/Tn contre U$D900/Tn de biodiesel) ?
Système de subventions indirectes
La transformation de l’huile de soja en biodiesel est en fait un moyen de contourner les taxes d’exportation. Tandis que l’huile de soja est imposée à hauteur de 32% pour accéder aux marchés internationaux, le biodiesel ne l’est qu’à 5%. Il bénéficie également d’un rabais sur les exportations de carburant, réduisant ainsi les taxes douanières à 2,5%.
Les coûts de transformation apparaissent marginaux au vu de cette réduction spectaculaire, d’autant plus que les grands groupes leaders dans la production d’huile de soja (AGD, Vincentin, Dreyfus) possèdent déjà toutes les infrastructures portuaires nécessaires. Il leur suffit simplement d’ajouter à l’unité de «crushing» existante, une usine de transformation pour ainsi profiter des déductions qu’offre le biodiesel. Si les biocarburants américains sont subventionnés à hauteur de U$D 0,26 par litre, le biodiesel argentin est lui soutenu par un système de subvention indirecte qui a largement contribué à développer le pôle de production de Rosario (1er port du pays).
Position du gouvernement argentin
Des doutes subsistent sur le comportement à venir du gouvernement argentin sur ce thème. Si ce dernier n’a pour le moment pas jugé bon d’augmenter les taxes à l’export des biocarburants, les sommes colossales que vont générer les exportations de biodiesel pourraient encourager l’administration de Cristina Kirchner à revoir la politique de rétention et mettre ainsi un point final à la stratégie de contournement des industriels du soja.
Sources: La Nación
1 commentaire:
Enregistrer un commentaire