vendredi 18 avril 2008

Lula ou le bon sens

Le Président brésilien Lula da Silva est l’un des rares grands dirigeants à avoir mis le doigt sur les vraies causes de la crise alimentaire actuelle. C’est lors de la récente conférence organisée par la FAO à Brasilia qu’il a rejeté le fait que les biocarburants sont les seuls coupables de la crise qui touche actuellement de plus en plus de pays pauvres. Ce discours est la réponse directe faite au rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation, Jean Ziegler, qui avait qualifié de "crime contre l'humanité" la production massive de biocarburants. Lula prend la défense de l'éthanol, une composante essentielle de la stratégie de puissance brésilienne. tant au niveau de l’indépendance énergétique que des relations extérieures (la fameuse «diplomatie de l’éthanol).

Lula a présenté ce qui selon lui sont les véritables causes de cette crise majeure en évoquant l'impact négatif de l'augmentation du pétrole sur les coûts de production, argumentant ainsi que la crise est avant tout énergétique.
Mais c’est surtout les subventions et le protectionnisme dans le secteur agricole pratiqués par l’Union Européenne et les Etats-Unis qu’il a lourdement condamné. Selon le président brésilien, ces barrières douanières empêchent tout pays pauvre de développer une agriculture pérenne basée sur les exportations. La résolution de ces problèmes de libre échange est fondamentale pour remédier aux problèmes actuels sinon "à chaque émeute, on se retrouvera à envoyer des rations alimentaires qui ne soulageront que temporairement la faim des plus pauvres".
Les mesures protectionnistes inhibent en effet depuis des décennies le développement d’une "révolution verte" dans les pays du sud.
En recentrant le débat sur le protectionnisme, Lula met les pays riches devant leurs responsabilités et prouve une fois de plus quel fin politicien il est. L’élimination des barrières douanière est depuis longtemps le principal combat diplomatique du Brésil.

C’est un point que jacques Chirac s’est bien gardé de mentionner lors de sa tribune du 16 avril intitulée "Crise alimentaire : des solutions existent" dans le journal Le Monde. L’ancien président français symbolise à lui seul ce système où l’on ne paye plus les agriculteurs pour le fruit de leur travail mais juste pour qu’ils puissent exister.

Sources: Le Monde, The Latin Americanist

1 commentaire:

MT a dit…

Merci pour ce post: il permet vraiment de recentrer notre reflexion! Comme le disait Marschka dans son commentaire, le prix du barril devrait objectivement tourner autour des 60 US$. Donc le surcout est en partie aussi énergétique.
Mais il est aussi parfois vain d'aider les payx pauvres à développer une agriculture, si l'on se base uniquement sur le modèle de l'exportation! On va produire sur place pour les besoins des pays riches, et pas forcément d'abord pour ceux des pays pauvres! (horticulture en Afrique par exemple)
Par ailleurs le protectionnisme US et européen n'est pas prêt de tomber.
Que faire?
Mon sentiment est que pour certaine zone, il faudrait créer des zones régionales d'intégration économique ciblée (à l'image de l'UE)de sorte à pouvoir bénéficier des exceptions prévus par l'OMC à l'objectif d'abolition des droits de douanes, et d'application de la clause de la nation la plus favorisée. Ainsi une zone regroupant plusieurs pays, pourrait, pour développer son agriculture, imposer comme aux USA et en UE, des droits de douanes aux produits agricoles importés, protégeant de ce fait leur essor agricole.
C'est juste une idée :)

 

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