Depuis plus d’un an, les industriels européens du biodiesels, réunis au sein de l’European Biodiesel Board (EBB), sensibilisent politiciens locaux et membres de la Commission aux pratiques des exportateurs américains de biodiesel. Ils contestent les pratiques de « splash and dash », consistant à importer aux Etats-unis du biodiesel bon marché d’Indonésie ou d’Argentine, pour ensuite le réexporter vers les pays de l’UE, en profitant au passage d’une juteuse subvention.
Ces mois d’action ont aboutis la semaine dernière au dépôt d’une plainte officielle auprès de la Commission Européenne concernant les subventions américaines « déloyales » en faveur de ce carburant. L’EBB, qui représente 56 sociétés et associations, responsables de 80 % de la production de biodiesels dans l’UE, demande à la commission de lancer une enquête antidumping et antisubventions, afin d’imposer dès que possible des mesures compensatoires contre les exportations américaines de B99 vers l’UE.
Les dignitaires européens soutiennent pleinement l'initiative prise par l'EBB. Le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson s’était déjà fait le porte-voix des producteurs européens de biodiesel lors de son voyage à Washington en Novembre 2007. Il avait directement interpelé les parlementaires américains en argumentant que les subventions "préjudicient aussi bien l’industrie européenne que les contribuables américains". Le Ministre français de l’agriculture Michel Barnier était lui aussi passé à l’offensive lors de sa visite en octobre.
La réponse au dépôt de plainte ne s’est pas fait attendre outre atlantique. Le National Biodiesel Board (NBB), le puissant lobby des producteurs de biodiesel américain a affirmé que les effets soi-disant négatifs subis par l’industrie européenne du biodiesel n’ont rien à voir avec les exportations américaines. Les membres de l’EBB produisent du carburant provenant de matières premières plus coûteuses que les producteurs américains et le coût de ces matières premières a considérablement augmenté.
Le lobby américain déclare qu’il prévoit d’utiliser chaque ressource à sa disposition pour contrer énergiquement les allégations non fondées de l’EBB.
Sanctionnable?
Le NBB n’a pas à s’inquiéter. Il peut compter chez lui sur l’appui des parlementaires représentant les régions productrices d’agrocarburants. Pas de problèmes non plus au niveau de l’Organisation Mondiale du Commerce. Les règles de l’OMC autorisent un gouvernement à mettre en place des sanctions seulement si le produit subventionné étranger représente plus de 25% du marché. Hors, les imports de B99 américain en 2007, totalisent 1 million de tonnes, représentant ainsi moins de 20% de la consommation totale européenne (6 millions de tonnes). La marge de manœuvre de l’UE est donc plus que réduite.
Sources: Euractiv, Wall Street Journal, www.thehill.com
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